C’était hier

C’était hier. On marchait ensemble sur le chemin de l’école. Il y avait de la fébrilité moite dans vos petites mains propres, de l’appréhension dans votre regard et la nostalgie du sable dans les sandales. On s’est sans doute serré très fort. Comme si on se quittait pour un grand voyage. Je serai pourtant à la porte de l’école bien avant que la cloche sonne la fin de la dernière période.

C’était hier. Ou avant hier. Les souvenirs qui se bousculent, les retrouvailles avec les amis, le regard attendri des profs reposés, les cris dans la cour d’école comme si vous vous étiez retenus tout l’été d’élever la voix – peut-être pour ne pas réveiller papa qui faisait la sieste.

C’était hier, encore. L’uniforme du Collège, déjà, tout propre, bien ajusté, sans doute pour une des rares fois de l’année. Nouveaux défis, nouveaux espoirs. Comme dans un livre d’apprenti sorcier, gravir les marches usées de l’antique institution sous le regard des pierres qui en ont vu tant d’autres.

C’était tellement de fois hier. Tellement de rentrées.

Hier, ou déjà demain. Avenue de l’indépendance, sur le chemin de votre vie, le Cégep, l’Université, avec des majuscules, par respect pour ce que vous êtes devenu.

Et cette fois, si je fais le chemin de l’école avec vous, c’est dans mon imagination.