Dans les années 1920, l’imprimerie Draeger est à son apogée. Elle produit des affiches et des catalogues publicitaires pour des grandes marques comme Bugatti, Citroën, Hermès, Guerlain ou Lancôme. Pour faire la promotion de ses services, elle fait appel à des illustrateurs et des auteurs de renoms qui créent des contenus uniques et prestigieux. C’était du marketing de contenu avant que ça ne s’appelle comme ça.
En 1925, Draeger a ainsi fait produire un catalogue intitulé sans équivoque:
«Soignez la gloire de votre firme et l’excellence de vos marchandises, car si vous les jugez bonnes, votre intérêt devient l’intérêt général».
Les 11 planches en couleurs retracent toutes les étapes de la création d’une publicité à partir de la recherche de l’idée jusqu’à la satisfaction du client.
L’introduction et les légendes sont écrites par Jean Cocteau, écrivain, poète, dessinateur, cinéaste et dramaturge bien connu. Elles sont d’une qualité exceptionnelle et réussissent à décrire avec précision et style les différents métiers de la publicité. C’est le cas du « littérateur », l’ancêtre du concepteur-rédacteur, qui « trouve une formule courte et forte, capable de pénétrer les esprits comme une balle et d’y tuer le doute ».
Les textes de Cocteau ont été illustrés par Charles Martin, dessinateur et aquarelliste qui a principalement travaillé pour la mode dans les années 20 et 30 du siècle dernier.
Le catalogue met en scène les différents métiers de la publicité (créateur, rédacteur, dessinateur, typographe, imprimeur, client etc.). Plusieurs de ces métiers ont disparu, mais l’esprit de la création est le même.
C’est de cette plaquette publicitaire qu’est tirée la célèbre citation «Le plus beau chef-d’œuvre des lettres n’est qu’un dictionnaire en désordre.»
En produisant des contenus de très grande qualité, l’imprimerie Draeger n’avait peut-être pas prévu que ses catalogues deviendraient des objets de collection. Mais elle savait qu’un contenu informatif, pertinent et séduisant touche sa cible, donne des résultats et rend les clients heureux.
Depuis près de vingt ans, ces lithographies décorent mon bureau. Elles me viennent de mon grand père architecte qui collectionnait avec passion les artéfacts de son époque.
J’étais entouré de marketing de contenu et je ne le savais même pas.