Il y a quelques mois, j’ai croisé un collègue. Aujourd’hui, il est mort.

CielJe montais en vélo vers le bureau. Il descendait à pied le boulevard Saint-Laurent vers le Sud. Le matin était frais et nonchalant. L’été était rempli de promesses.
Je me suis arrêté pour lui parler un peu sur le bord du trottoir. J’aime ces rencontres impromptues. Je suis descendu de mon vélo pour me rapprocher de lui.
« Qu’est-ce que tu deviens », « Sur quels projets tu bosses », « Mes enfants? Ce ne sont plus des enfants. Et les tiens? », « Tu as des nouvelles d’Untel ». Rien de bien engageant. Nous ne nous étions fréquentés que le temps de quelques mandats. « Comme le temps passe vite », avons-nous sans doute radoté. C’est vrai que le temps file.
« Un sacré bon gars », me suis-je dit en remontant sur mon vélo et en le laissant à sa balade. M’a-t-il laissé entendre qu’il était malade ? Le savait-il déjà ? Avait-il conscience que c’était son dernier été ? Je suis bouleversé d’apprendre sa mort. Une leucémie fulgurante a écrit un ami sur Facebook. Cette fulgurance déchire nos certitudes et nous rappelle notre finitude. Je pense à sa famille que je ne connais pas, à ses proches. Qui suis-je pour partager leur tristesse infinie?
Aujourd’hui un collègue est mort. J’ai été content de le croiser par hasard et de m’arrêter pour lui parler. S’arrête-t-on assez souvent pour parler aux gens ?