
Je me suis arrêté pour lui parler un peu sur le bord du trottoir. J’aime ces rencontres impromptues. Je suis descendu de mon vélo pour me rapprocher de lui.
« Qu’est-ce que tu deviens », « Sur quels projets tu bosses », « Mes enfants? Ce ne sont plus des enfants. Et les tiens? », « Tu as des nouvelles d’Untel ». Rien de bien engageant. Nous ne nous étions fréquentés que le temps de quelques mandats. « Comme le temps passe vite », avons-nous sans doute radoté. C’est vrai que le temps file.
« Un sacré bon gars », me suis-je dit en remontant sur mon vélo et en le laissant à sa balade. M’a-t-il laissé entendre qu’il était malade ? Le savait-il déjà ? Avait-il conscience que c’était son dernier été ? Je suis bouleversé d’apprendre sa mort. Une leucémie fulgurante a écrit un ami sur Facebook. Cette fulgurance déchire nos certitudes et nous rappelle notre finitude. Je pense à sa famille que je ne connais pas, à ses proches. Qui suis-je pour partager leur tristesse infinie?
Aujourd’hui un collègue est mort. J’ai été content de le croiser par hasard et de m’arrêter pour lui parler. S’arrête-t-on assez souvent pour parler aux gens ?