Cet été, pendant que l’École Urbania planchait afin de dégager 102 idées pour Montréal, que Denis Coderre recréait candidat par candidat le parti de Gérald Tremblay et que Marcel Côté réinventait à sa manière la définition du mot «coalition», je faisais le tour des grandes villes d’Europe. Ça m’a inspiré quelques idées pour la ville que j’aime.
Montréal n’a rien à envier aux grandes cités européennes, au contraire. Quand on la compare, quoiqu’en disent les grincheux, les gnochons et les plumitifs du Journal de M., elle se classe de loin parmi les meilleures. Mais elle pourrait certainement s’inspirer de choses et d’autres qui se passent ailleurs pour s’améliorer et faire mieux encore.
Remarquez que parmi les idées que je suggère ici, certaines se retrouveront peut-être aussi dans l’excellent travail que l’École Urbania lance ce soir, 20 h 30 à Mégaphone Montréal, dans le Quartier des Spectacles.
Mais ce qui compte, ce n’est pas d’avoir des idées, c’est de les réaliser!
1.
En premier, une idée qui tombe sous le sens, même Stéphane Laporte en a parlé dans un journal récemment: se réapproprier les bords du fleuve. Toutes les grandes villes traversées par une rivière ou un fleuve offrent un accès à l’eau et aux rives: Vienne et le Danube, Paris et la Seine, Prague et la Moldau, Berlin et la Spree, Ljubljana et la Ljubljanica… Là-bas, il y a des terrasses, des bateaux, des promenades, des pistes cyclables, des marinas,… Nous, sur les rives du fleuve, on a du béton, des autoroutes et des usines. Il est temps que ça change!
2.
Des trolleybus dans les rues de Montréal, comme à Bratislava (Slovaquie), Budapest (Hongrie), Pietra Neam? (Roumanie – merci Vera pour la précision), Veliko Tarnavo ou Varna (Bulgarie). Ça pollue moins que les vieux bus et ça ne demande pas de grands aménagements. De plus, avec nos grandes artères et nos rues larges, ce ne serait vraiment pas compliqué de transformer la 80 ou la 55, bruyantes et fumantes, en trolleybus silencieux et sans gaz d’échappement.
3.
Plus de rues piétonnes, beaucoup plus. Comme à Vienne, à Bruxelles, à Amsterdam, à Ljubljana, à Lubeck. Avoir une rue Ste-Catherine piétonnière avec un tramway dans les deux sens. Et, pourquoi pas, fermer le Vieux Montréal aux autos pour le rendre totalement accessible aux piétons, aux touristes, aux balades improvisées, aux rencontres au milieu de la rue,… Ça marche en Slovénie, en Autriche ou au Danemark, pourquoi ça ne marcherait pas à Montréal?
4.
Les apéros au parc ou au marché comme dans plusieurs quartiers de Bruxelles. Tous les vendredis d’été, ou les samedis, des petites buvettes ambulantes, quelques tables, quelques parasols… C’est convivial, ça rapproche les voisins, ça donne un sentiment d’appartenance et ça ne coûte pas cher… ce sont les gens qui boivent un verre qui le payent et les buvettes payent un droit d’installation.
5.
Bâtir un centre d’escalade à l’intérieur des anciens silos à grain comme Der Kegel dans le quartier industriel de l’ancien Berlin Est. 365 jours par an d’activité pour les jeunes en mal de sensations fortes. Et l’été, créer une paroi impressionnante sur une des faces extérieures. Profiter des hauteurs, des parois, de l’espace pour créer un lieu unique et transformer la partie qui ne serait pas occupée en HLM pour redonner le Vieux-Montréal à des familles moins nanties. Y a pas de raison que la jolie vue soit réservée aux riches.
6.
Un tram en site protégé comme à Bruxelles, Athènes, Vienne ou Mulhouse. Bien entendu il s’agit d’un tram Bombardier, rapide, lumineux, design, silencieux, confortable,… et made in Québec.
7.
Un hôtel de Ville ouvert à tous dès 7 h 30 du matin avec expositions gratuites et espace public comme à Ljubljana ou Dubrovnik.
8.
Un urbanisme distinctif, original et actuel, des immeubles institutionnels qu’on viendrait admirer de partout, des concours d’architecture pour refaire le pont Champlain,… Réinventer le neuf intégré au vieux, comme à Vienne, Berlin, Amsterdam, Bruxelles… Bref, demander aux architectes de faire de l’architecture, pas de l’ingénierie.
9.
Le stationnement gratis la première heure comme à Vaduz, la capitale du Liechtenstein. Une petite mesure sympathique qui devrait calmer les automobilistes frustrés qui ne comprennent pas qu’une place de stationnement, c’est comme une maison, ça a de la valeur foncière.
Et puis?
Il y en a certainement plein d’autres. Certaines de ces idées seront même proposées par des candidats bien intentionnés. Ce que je peux affirmer, c’est que ça marche ailleurs, je l’ai vu, pourquoi ça ne marcherait pas chez nous ? Montréal ne pourrait-elle pas faire encore mieux?
Texte publié dans URBANIA