Charles Di Gaetano, concepteur-rédacteur chez Brad, pense au jour où il sera remplacé par une machine qui sera meilleure que lui. Il a partagé ses inquiétudes dans Infopresse. «On deviendra obsolètes, c’est inévitable, écrivait-il. Les agences auront toujours quelques employés, bien évidemment! Des chiens de garde, des relayeurs d’informations, des génies publicitaires, mais ils seront bien peu comparativement au nombre que nous sommes actuellement.» Je lui réponds de ne pas s’inquiéter.
On dirait que ça devient une habitude pour moi, après avoir répondu à Gabriel Allaire de Havas (désormais chez K72) sur l’âge de la créativité, voilà que je rassure Charles. (Pour lire le texte de Charles, c’est ici.)
Ne t’inquiète pas Charles
Charles ton constat est sans appel et l’avenir te semble sombre. Mais laisse-moi te rassurer, il y aura toujours de la place pour le talent et la créativité. Et pas seulement chez les artistes.
Malgré le génie des algorithmes et la force infatigable des robots, il est un élément essentiel que les machines n’ont pas et qui nous permet de faire notre métier de communicateurs de manière pertinente et efficace : le facteur humain.
Nous sommes imparfaits. Nous n’allons pas toujours là où on nous attend. Contrairement au GPS, nous dévions de la route pour mieux arriver à destination. Et le chemin est souvent plus beau. Nous n’écrivons pas toujours ce qu’on nous demande. Et nos scénarios sont d’autant plus surprenants. Nous ne respectons parfois pas les recommandations de l’auto-correcteur. Et nos textes n’en sont que mieux écrits. Si nous oublions des éléments du tableau Excel que nous a fourni le client, c’est parce qu’ils n’étaient pas si importants que ça. Et le message n’en est que plus concluant.
Les robots sont prévisibles parce qu’ils ont été programmés pour l’être. C’est rassurant d’obtenir ce qu’on a programmé. Mais est-ce que c’est rendre service à un client de ne pas le surprendre ?
Oui, Charles, tu as raison, il y aura toujours des robots pour créer des messages sans saveur, des contenus tout simplement mécaniques. Ils feront la job. Sans plus. Et il y aura toujours des clients qui voudront diffuser des messages standardisés ainsi que des contenus formatés. Ça fera la job. Sans plus.
Mais pour se distinguer, pour toucher à l’âme et le cœur de l’auditoire, les marques auront toujours besoin d’esprits créatifs, de talents qui ne répondent pas à une commande, de créateurs de contenu humains, comme les gens à qui ils s’adressent.
Et quand les concepteurs-rédacteurs comme toi, Charles, quand les scénaristes, les journalistes-rédacteurs, les animateurs de médias sociaux, les créateurs de contenus reviendront de vacances le corps reposé, les neurones nettoyées des tracas du quotidien et l’esprit alimenté par des lectures inattendues, ils pourront faire travailler leur créativité en se rappelant que s’ils ne veulent pas se faire remplacer par un robot, ils ne doivent pas penser comme un robot.
Ce texte a été publié dans les pages d’Infopresse.
Photo: Global Manufacturing and Industrialisation Summit.