Je ne connaissais pas Michel J Lévesque, pas ailleurs que dans le monde virtuel. Un jour, l’auteur d’Arielle Queen a lancé une idée sur Facebook: y a-t-il des papas qui voudraient écrire une nouvelle sur la paternité?
Vous me connaissez, je ne dis jamais non, ou presque.
J’ai beaucoup écrit sur la paternité, sur mon fils, sur ma fille, sur mon père. Mais je n’avais encore jamais écrit de nouvelle de fiction sur le sujet. D’ailleurs je n’avais jamais écrit de nouvelle ni de fiction et ma littérature était plutôt consacrée à la jeunesse et à l’humour. L’exercice me semblait stimulant.
J’ai dit oui à Michel.
Mon histoire s’appelle « Les bras pleins d’enfants ». Elle m’a été inspirée, pour son point de départ, par Éric Morin, le réalisateur de La chasse au Godard d’Abbittibbi.
Un jour de printemps, j’ai croisé Éric dans le quartier . Il avait son fils dans les bras, tenait sa fille par la main pendant que sa plus grande sautillait sur le trottoir. La table était mise pour une brève tranche de vie d’un papa fusionnel avec ses rejetons et l’histoire miroir de deux jeunes hommes du même âge, du même back ground dont les destins se sont à jamais éloignés.
En relisant mon histoire écrite au printemps 2013, je me rends compte qu’elle n’a pas pris le chemin que je voulais lui donner. Les enfants qui encombrent un papa, un jeune père qui ne sait plus où donner de la tête, la vie qui bascule quand des enfants arrivent au monde, la croisée des chemins, les rêves de jeunesse balayés par la paternité,… Dans mon histoire, les enfants font partie du père. Quand ils sont petits, nos enfants sont en effet une extension de nous. Même si on ne les a pas portés pendant neuf mois. Ils sont nos bras, nos jambes, notre ventre. Quand ils ont mal, on a mal. Quand ils sont tristes, on est triste. En grandissant, ils découvrent la liberté et notre corps les laisse petit à petit se séparer de lui. C’est sans doute pour ça qu’avec le temps les câlins passent.
Deux amis se rencontrent par hasard après des années loin l’un de l’autre. L’un a trois enfants. L’autre vit encore comme un éternel célibataire un peu désorganisé. Le regard du deuxième sur le premier est un voyage dans le temps. Le célibataire se projette en père. Le père se rappelle ses folles années de jeunesse. C’était le sujet de mon histoire.
Mais les enfants ont été plus forts. Leur présence est devenue viscérale. Entre les deux amis, le temps a fondu. Comme si avoir des enfants accélérait la course du temps. Et ma nouvelle a changé comme un enfant qui décide de prendre son envol.
Mon texte se retrouve aux côtés de ceux de Dominic Bellavance, Claude Champagne, Tristan Demers, Mathieu Fortin, Michel J. Lévesque, André Marois, Martin Michaud, Patrick Senécal, Matthieu Simard et Pierre Szalowski. C’est un honneur d’être entouré de ces fameux papas/auteurs.
Le recueil de onze nouvelles publiés chez Québec Amérique est disponible en librairie dès le 9 avril.